La nouvelle grande serre

Au cœur de la Pépinière Jacquet, s’élève un écrin de verre élégant et discret.

Elle prolonge une ligne et se glisse dans la pente. Elle ne cherche pas à surprendre. Et pourtant, cette grande serre imaginée par le bureau Corpus redonne une clarté nouvelle au site de la Pépi­nière Jacquet. « On ne voulait pas un objet architectural dominant, mais une centralité lisible et identifiable, qui enri­chit l’expérience des clients, qui organise et redessine des chemins », explique l’architecte Viorel Ionita. À l’origine du projet, la volonté d’Aude Jacquet Patry de renforcer la visibilité et la fluidité du lieu, tout en respectant l’héritage de son arrière grand-père, M. Léon Jacquet, fondateur de l’entreprise. « Il y a des éléments historiques simples, presque banals, que nous avons conser­vés dans la vision architecturale de la serre et du bâtiment d’accueil avoisinant. Ils font partie des racines de ce lieu. Nous n’avons pas voulu les effacer. » Une forme de fidélité silencieuse, à l’aventure familiale comme aux usages.

2025 - La Pépinière Jacquet - Serre
2025 - La Pépinière Jacquet - Serre

Un espace vivant

Le bâtiment est pensé comme un volume interstitiel entre le dedans et le dehors. Une structure métallique légère, presque invisible. « On est au milieu des plantes, il fallait une architecture qui se fasse oublier. » La lumière traverse, les saisons impriment leur rythme, les espaces restent mobiles. « La serre est censée bouger tout le temps. Elle ne sera jamais la même au printemps ou en hiver. » Divisible, ventilée naturellement, protégée du soleil par une toile intérieure, elle s’adapte aux cultures comme aux usages. Un système de chauffage d’appoint la maintient hors gel, sans perturber l’équilibre thermique global. À ses côtés, le bâtiment d’accueil répond aux normes de haute performance énergétique. Pompe à chaleur, triple vitrage, panneaux solaires en toiture : l’ensemble produit actuellement plus d’énergie qu’il n’en consomme, anticipant les futures mobilités électriques de la pépinière.

Une volonté d’équilibre

Le site, sur les coteaux du Mandement, est inscrit à l’inventaire fédéral ISOS, qui recense les ensembles bâtis d’importance nationale. « C’est un paysage très fort, qu’il faut respecter. Toute intervention est une transforma­tion. Nous devons choisir la bonne échelle. » Le bureau Corpus parle d’architecture de couture. Une manière de s’installer avec mesure, en s’adaptant au lieu et à son esprit. « On essaye de trouver la juste inten­sité. Ni trop peu, ni trop. » Une volonté constante d’équi­libre, d’alignement plutôt que de rupture. Aujourd’hui, la serre est en usage. Les plantes y prospèrent librement, profitent de la hauteur pour s’épanouir généreusement. Les clients y entrent comme dans un prolongement naturel de leur visite. Pour l’architecte Viorel Ionita, ce projet reste singulier. Une présence douce, inscrite dans le temps long. « Il m’a reconnecté à la terre, à la ques­tion de ce qu’on transforme quand on construit. Ici, l’architecture ne doit pas faire de l’ombre à la plante, mais doit l’accompagner. »